Commentaire d'un texte de Locke
sur le rapport entre le droit de propriété
et le travail

 

Celui qui se nourrit des glands qu'il a ramassés sous un chêne, ou des pommes qu'il a cueillies aux arbres d'un bois, se les est certainement appropriés. Personne ne peut nier que ces aliments soient à lui. Je demande donc : Quand est-ce que ces choses commencent à être à lui ? Lorsqu'il les a digérées, ou lorsqu'il les a mangées, ou lorsqu'il les a fait bouillir, ou lorsqu'il les a rapportées chez lui, ou lorsqu'il les a ramassées ? Il est clair que si le fait, qui vient le premier, de les avoir cueillies ne les a pas rendues siennes, rien d'autre ne le pourrait. Ce travail a établi une distinction entre ces choses et ce qui est commun ; il leur a ajouté quelque chose de plus que ce que la nature, la mère commune de tous, y a mis ; et, par là, ils sont devenus sa propriété privée.

Quelqu'un dira-t-il qu'il n'avait aucun droit sur ces glands et sur ces pommes qu'il s'est appropriés de la sorte, parce qu'il n'avait pas le consentement de toute l'humanité pour les faire siens ? était-ce un vol, de prendre ainsi pour soi ce qui appartenait à tous en commun ? si un consentement de ce genre avait été nécessaire, les hommes seraient morts de faim en dépit de l'abondance des choses [...]. Nous voyons que sur les terres communes, qui le demeurent par convention, c'est le fait de prendre une partie de ce qui est commun et de l'arracher à l'état où la laisse la nature qui est au commencement de la propriété, sans laquelle ces terres communes ne servent à rien. Et le fait qu'on se saisisse de ceci ou de cela ne dépend pas du consentement explicite de tous. Ainsi, l'herbe que mon cheval a mangée, la tourbe qu'a coupée mon serviteur et le minerai que j'ai déterré, dans tous les lieux où j'y ai un droit en commun avec d'autres, deviennent ma propriété, sans que soit nécessaire la cession ou le consentement de qui que ce soit. Le travail, qui était le mien, d'arracher ces choses de l'état de possessions communes où elles étaient, y a fixé ma propriété.

Locke, Second Traité du Gouvernement Civil

 

 

Le texte de John Locke porte sur le droit de propriété.

Le problème traité par Locke est celui de savoir ce qui fonde un tel droit : comment ce qui est d'abord à la disposition de tous devient-il la propriété d'un seul ?

Locke soutient la thèse selon laquelle c'est le travail qui fonde et justifie la propriété : c'est, selon lui, en transformant les produits que la nature met à sa disposition que l'homme en devient le propriétaire.

Locke - dont peut se souvenir ici qu'il était empiriste et privilégiait donc l'accès au savoir au moyen de l'observation des faits - procède inductivement : qu'il énonce ou défende sa thèse, ce qu'il fait successivement, il le fait en partant d'un même constat, celui selon lequel « c'est le fait ... d'arracher » quelque chose « à l'état où la laisse la nature qui est au commencement de la propriété . C'est ainsi qu'après avoir énoncé sa thèse, en donnant à rechercher dans les données de l'observation ce qui peut expliquer que l'on accède à la propriété de ce que l'on consomme, il la défend contre la thèse adverse selon laquelle la propriété serait fondée sur le consentement de tous, ce qu'il fait en raisonnant par l'absurde avant de remettre le lecteur en présence de l'origine effective, observable, de la propriété, celle de l'appropriation par le travail.

 

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