Sujets
du Baccalauréat de philosophie 2018
Série ES :
1er sujet : Toute vérité est-elle définitive ? Proposition de corrigé
2e sujet : Peut-on être insensible à l'art ? Proposition de corrigé
3e sujet : Expliquer le texte suivant : Proposition de corrigé
« Quand nous obéissons à une personne
en raison de l'autorité morale que nous lui reconnaissons, nous suivons
ses avis, non parce qu'ils nous semblent sages, mais parce qu’à l'idée
que nous nous faisons de cette personne une énergie psychique d’un
certain genre est immanente 1, qui fait plier notre volonté et
l'incline dans le sens indiqué. Le respect est l'émotion que nous
éprouvons quand nous sentons cette pression intérieure et toute
spirituelle se produire en nous. Ce qui nous détermine alors, ce ne
sont pas les avantages ou les inconvénients de l'attitude qui nous est
prescrite ou recommandée ; c'est la façon dont nous nous représentons
celui qui nous la recommande ou qui nous la prescrit. Voilà pourquoi le
commandement affecte généralement des formes brèves, tranchantes, qui
ne laissent pas de place à l'hésitation ; c'est que, dans la mesure où
il est lui-même et agit par ses seules forces, il exclut toute idée de
délibération et de calcul ; il tient son efficacité de l'intensité de
l'état mental dans lequel il est donné. C'est cette intensité qui
constitue ce qu'on appelle l'ascendant moral. Or, les manières d'agir
auxquelles la société est assez fortement attachée pour les imposer à
ses membres se trouvent, par cela même, marquées du signe distinctif
qui provoque le respect. »
DURKHEIM, Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912)
1 « immanente » : intérieure
Série L :
1er sujet : La culture nous rend-elle plus humains ? Proposition de corrigé
2ème sujet : Peut-on renoncer à la liberté ? Proposition de corrigé
3ème sujet : Expliquer le texte suivant :Proposition de corrigé
Souvent nous ne savons pas ce que
nous souhaitons ou ce que nous craignons. Nous pouvons caresser un
souhait pendant des années entières, sans nous l'avouer, sans même en
prendre clairement conscience c'est que l'intellect n'en doit rien
savoir, c'est qu'une révélation nous semble dangereuse pour notre
amour-propre, pour la bonne opinion que nous tenons à avoir de
nous-mêmes mais quand ce souhait vient à se réaliser, notre propre joie
nous apprend, non sans nous causer une certaine confusion, que nous
appelions cet événement de tous nos vœux: tel est le cas ‘de la mort
d'un proche parent dont nous héritons.
Et quant à ce que
nous craignons, nous ne le savons souvent pas, parce que nous n'avons
pas le courage d'en prendre clairement conscience. Souvent même nous
nous trompons entièrement sur le motif véritable de notre action ou de
notre abstention, jusqu'à ce qu'un hasard nous dévoile le mystère. Nous
apprenons alors que nous nous étions mépris sur le motif véritable, que
nous n'osions pas nous l'avouer, parce qu'il ne répondait nullement à
la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes. Ainsi, nous nous
abstenons d'une certaine action, pour des raisons purement morales à
notre avis mais après coup nous apprenons que la peur seule nous
retenait, puisque, une fois tout danger disparu, nous commettons cette
action.
SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation (1818)
Série S :
1er Sujet : Le désir est-il la marque de notre imperfection ?Proposition de corrigé
2ème Sujet : Éprouver l'injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui
est juste ?Proposition de corrigé
3ème Sujet : Expliquer le texte suivant : Proposition de corrigé
« Tous les
phénomènes de la société sont des phénomènes de la nature humaine,
produits par l'action des circonstances extérieures sur des masses
d'êtres humains. Si donc les phénomènes de la pensée, du sentiment, de
l'activité humaine, sont assujettis à des lois fixes, les phénomènes de
la société doivent aussi être régis par des lois fixes, conséquences
des précédentes. Nous ne pouvons espérer, il est vrai, que ces lois,
lors même que nous les connaîtrions d'une manière aussi complète et
avec autant de certitude que celles de l'astronomie, nous mettent
jamais en état de prédire l'histoire de la société, comme celle des
phénomènes célestes, pour des milliers d'années à venir. Mais la
différence de certitude n'est pas dans les lois elles-mêmes, elle est
dans les données auxquelles ces lois doivent être appliquées. En
astronomie, les causes qui influent sur le résultat sont peu nombreuses
; elles changent peu, et toujours d'après des lois connues. Nous
pouvons constater ce qu'elles sont maintenant, et par là déterminer ce
qu'elles seront à une époque quelconque d'un lointain avenir. Les
données, en astronomie, sont donc aussi certaines que les lois
elles-mêmes. Au contraire, les circonstances qui influent sur la
condition et la marche de la société sont innombrables, et changent
perpétuellement ; et quoique tous ces changements aient des causes et,
par conséquent des lois, la multitude des causes est telle qu'elle
défie nos capacités limitées de calcul. Ajoutez que l'impossibilité
d'appliquer des nombres précis à des faits de cette nature mettrait une
limite infranchissable à la possibilité de les calculer à l'avance,
lors même que les capacités de l'intelligence humaine seraient à la
hauteur de la tâche. »
MILL, Système de logique (1843)
Série technologique
1er Sujet : L'expérience peut-elle être trompeuse ?
2ème Sujet : Peut-on maîtriser le développement technique ?
3ème Sujet : Explication d'un texte extrait de "L'Esprit des lois" de
Charles de Montesquieu (1748)