Analyse d'un texte de Descartes

sur le doute méthodique

Il y a déjà quelque temps que je me suis aperçu, que dès mes premières années j'avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j'ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort douteux et incertain; de façon qu'il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie, de me défaire de toutes les opinions que j'avais reçues jusques alors en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme, et de constant dans les sciences. Mais cette entreprise me semblant être fort grande, j'ai attendu que j'eusse atteint un âge qui fût si mûr, que je n'en pusse espérer d'autre après lui auquel je fusse plus propre à l'exécuter: ce qui m'a fait différer si longtemps, que désormais je croirais commettre une faute, si j'employais encore à délibérer le temps qui me reste pour agir.

Maintenant donc que mon esprit est libre de tous soins, et que je me suis procuré un repos assuré dans une paisible solitude, je m'appliquerai sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions. Or il ne sera pas nécessaire pour arriver à ce dessein de prouver qu'elles sont toutes fausses, de quoi peut-être je ne viendrais jamais à bout... Mais parce que la ruine des fondements entraîne nécessairement avec soi tout le reste de l'édifice, je m'attaquerai d'abord aux principes sur lesquels toutes mes anciennes opinions étaient appuyées.

Descartes, Méditations métaphysiques, Première méditation, début



Avant de soumettre ses idées à un examen systématique, Descartes retrace pour le lecteur de ses Méditations la genèse de la décision qui l'a conduit à les passer au crible de sa critique.

Il lui importe de s'expliquer sur l'intention qui l'anime. Il ne s'agit pas pour lui de céder au vertige du doute que provoque la prise de conscience des erreurs accumulées. Il s'agit de résoudre le problème que pose à un chercheur le risque que lui font courir ses préjugés, celui de passer à côté de la vérité.

Pour Descartes, le moyen le plus sûr de conjurer l'influence néfaste des idées toutes faites est de s'en délivrer une bonne fois par l'exercice d'une doute méthodiquement orchestré.

Pour faire comprendre au lecteur la genèse de la décision qu'il a prise de révoquer en doute toutes ses anciennes opinions avant même de la mettre exécution, Descartes dit d'abord, dans un premier paragraphe, ce qui amené à la prendre, avant d'exposer, dans un second paragraphe, la façon dont il entendait s'y prendre.

 

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