Faut-il dire la vérité?

Analyse du sujet

La question porte sur le fait de "dire la vérité", càd de porter à la connaissance d'un tiers ce que l'on sait de ce qui est, de ce qui se passe ou s'est réellement passé. C'est ne pas garder la vérité que l'on connaîtrait pour soi, mais aussi ne pas dire de mensonge !
La question posée est de savoir s'il "faut", oui ou non, dire la vérité, càd si l'on est dans l'obligation de le faire, restant à préciser de quelle type d'obligation il peut bien s'agir : scientifique, philosophique, religieuse, artistique, morale, sociale, politique... juridique, journalistique ... Question qui se posera, par exemple, à un médecin dans sa relation avec son patient, ou à un journaliste à l'égard de ses lecteurs.

La question présuppose que l'on soit en mesure de dire la vérité, qu'on la connaisse et qu'on ait les moyens de la faire savoir. Ce qui ne va pas de soi : qui peut prétendre détenir la vérité ? Ne risque-t-on pas de penser qu'on la détient alors qu'elle nous échappe et propager ainsi des erreurs à son insu ? Demander s'il faut "dire la vérité", comme cela peut-être requis dans un tribunal de la part d'un juge qui nous enjoint de le faire, présuppose également que cela n'aille pas de soi qu'on le fasse : ne dit-on pas que "toute vérité n'est pas bonne à dire" ?

Avec une telle question il n'y va pas seulement du devoir de réserve, autrement dit du droit que nous aurions ou non de divulguer ce que l'on devrait tenir pour un secret, du recours au mensonge, mais, plus généralement, de la valeur absolue ou relative de la vérité : y a-t-il des valeurs supérieures à la vérité au nom desquelles on taira ou dissimulera la vérité, ou bien la vérité a-t-elle la préséance sur toutes les autres valeurs ? Ainsi, doit-on, comme Kant, tenir le devoir de dire la vérité comme ne souffrant aucune exception, ou, avec les utilitaristes, considérer qu'il peut être préférable, car plus utile parfois de n'en rien faire ?

Mise au point d'une problématique. Pour la trouver, se demander : comment parvenir à savoir s'il faut dire la vérité ?
1) Il pourra être judicieux de commencer par chercher à identifier es raisons que l'on aurait de "dire la vérité", toujours et sans réserve, à l'exclusion de toute recours au mensonge.
2) Se posera alors ensuite, dans un second temps, la question de savoir s'il y a des situations où l'on est susceptible d'être en droit de taire, voit même de dissimuler sciemment la vérité, en allant, éventuellement, jusqu'à recourir au mensonge ?
3) Viendra enfin le moment de faire la part des choses en se demandant quel est le fondement et quels sont, en conséquence, les éventuelles limites du respect que l'on doit à la vérité ?