Méthode

du

commentaire de texte

en philosophie

 

 

A l'écrit de l'épreuve de philosophie du baccalauréat, il sera demandé à partir de la session de juin 2002 d'expliquer un texte dont l'auteur (et le titre de l'oeuvre dont il est extrait) sont indiqués. Il faut et il suffit, dit l'intitulé du sujet, que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

 

Comment "expliquer" le texte ?

 

Il convient d'abord de se rappeler qu'un texte est UN texte, c'est-à-dire qu'il forme un tout, qu'il a une signification d'ensemble.
Cf. Gadamer :"Le mouvement de la compréhension est un va-et-vient continuel du tout à la partie et de la partie au tout. La tâche est d'élargir en cercles concentriques l'unitté du sens compris. La justesse de la compréhension a toujours pour cirtère l'accord de tous les détails avec le tout. Si cette concordance fait défaut, c'est la compréhension qui échoue." (Vérité et méthode, Seuil p. 313)

Aussi commencera-t-on par porter sur lui un regard global, en cherchant à identifier ce qui lui confère cette signification d'ensemble. Nous appellerons ce regard d'ensemble l'étude globale.

Cette étude globale étant faite, il restera à rendre compte du propos de l'auteur tel que celui-ci le tient tout au long du texte, en prenant soin de le présenter, de l'analyser et de l'expliquer en se demandant constamment pourquoi l'auteur dit ce qu'il dit ainsi qu'il le fait. Nous appellerons cette étude qui se veut précise l'étude linéaire.

 

Comment mener à bien l'étude globale ?

On mènera à bien l'étude globale en posant au texte quatre questions successives :

1) De quoi l'auteur parle-t-il, autrement dit quel est le thème de sa réflexion ?

2) Que cherche-t-il à savoir (ou à faire savoir), autrement dit quelle est la question à laquelle il s'efforce au fond d'apporter une réponse ?

3) Que montre-t-il, autrement dit quelle est la thèse qu'il soutient ?

4) Comment développe-t-il son point de vue, autrement dit quelle est la composition de son texte, càd non seulement quelles sont ses composantes mais aussi et surtout comment sont-elles com-posées, quelle est la logique argumentative et conceptuelle qui préside à leur développement ?

 

Comment procéder pour pratiquer l'étude linéaire ?

On veillera tout d'abord à bien respecter et restituer les composantes du texte, en consacrant à chacune d'elles un paragraphe.

Pour chaque composante du texte on commencera par restituer fidèlement ce que l'auteur dit, en le situant toujours dans l'ensemble de son propos, en ne perdant jamais de vue la question de fond qu'il traite.

On évitera la paraphrase en référant la présentation que l'on fait de ce que dit l'auteur à ce qu'il dit lui-même - ce qui conduira constamment à citer son nom et ses propos tels qu'il les tient !

On expliquera, chemin faisant, ce que l'auteur veut dire en apportant toutes les précisions qui pourront aider à comprendre ce qu'il dit et ne dit pas - en n'omettant donc pas de lire entre les lignes, chaque fois que cela peut être éclairant.

On se gardera alors de toute interprétation hasardeuse ainsi que de tout parachutage de considérations étrangères à ce que dit l'auteur dans le texte.

En cours d'explication, on n'hésitera pas à illustrer ce que dit l'auteur lorsqu'il ne le fait pas lui-même.

 

Comment "rendre compte du problème dont il est question" ?

 

L'explication du texte suffit-elle à rendre compte du problème dont il est question ? Pour peu qu'elle soit bien conduite, l'explication du texte aura permis de savoir quel problème le texte aborde, examine et, éventuellement, résout. Elle n'aura pas forcément permis pour autant de comprendre les raisons pour lesquelles l'auteur aborde la question qu'il soumet à sa réflexion. Elle n'aura pas permis non plus de savoir si l'auteur l'a abordée de façon pleinement satisfaisante. Aussi convient-il de faire suivre la partie explicative du devoir d'une partie critique. On s'efforcera alors, après avoir analysé le propos tenu par l'auteur, de dire ce que l'on pense de la façon dont il aborde la question qu'il traite.

On dira en premier lieu en quoi, à nos yeux, sa façon de procéder est pertinente. On le fera, d'abord, en disant en quoi le problème qu'il pose est un réel problème, méritant qu'on s'y arrête. Mais on le fera aussi en disant, ensuite, en quoi sa façon de l'examiner est judicieuse. On pourra le faire en relevant, par exemple, les erreurs ou les illusions dont elle est en mesure de nous prémunir ou de nous délivrer.

Si intéressante que puisse être la façon qu'a un auteur d'aborder une question, elle n'en reste pas moins le plus souvent, sinon partielle, du moins relative au point de vue singulier que son auteur adopte. Aussi, pour pouvoir déterminer les limites de son propos, s'efforcera-t-on de mettre en évidence les présupposés sur lesquels il repose. On pourra alors le confronter à d'autres approches qui révèleraient des aspects qu'il aurait méconnu.

 

Le commentaire du texte comportera une introduction, un développement et une conclusion.

 

L'introduction attirera l'attention du lecteur sur l'existence du texte, présentera son propos et annoncera l'étude critique dont il fera l'objet.
N.B. Elle ne saurait en aucune façon supposer le texte connu du lecteur. Dire "ce texte" avant de l'avoir présenté serait donc abusif !

 

Le développement pourra se faire en deux temps.

Dans un premier temps, on expliquera le texte en portant un regard d'abord global puis détaillé sur ce que dit l'auteur de manière à bien cerner le problème qu'il soulève, examine et résout.

Dans un deuxième temps, on procédera à la critique du propos de l'auteur de manière à bien rendre compte soi-même du problème qu'il traite.

 

La conclusion, après avoir rappelé le problème traité par l'auteur, rappellera en quoi et jusqu'à quel point ce qu'il en dit est susceptible d'aider à mieux comprendre la question qu'il traite.

 

© M. Pérignon