David HUME

(1711-1776)

 

 

 

Biographie. Oeuvres principales

 

      David Hume est une grande figure du XVIIIème siècle anglais. Né à Edimbourg, destiné par sa famille à une carrière juridique, il manifeste sa préférence pour la philosophie et publie, en 1740, Le Traité de la nature humaine, qui n'obtient pas le succès espéré. Les Essais moraux et politiques (1741), en revanche, apportent à Hume la notoriété. En l 744, Hume pose sa candidature à la chaire de morale et de philosophie de Glasgow, mais il se voit écarté par les religieux.

      Hume fera carrière dans la diplomatie, avec un poste de secrétaire d'ambassade à Paris, de 1763 à 1765 . Diderot, Helvétius, d'Alembert sont ses amis ; il fréquente les salons de Mme du Deffand et de Mme Geoffrin. En l 765, Hume est nommé secrétaire titulaire de l'ambassade d'Angleterre et, en 1768, sous-secrétaire d'Etat à Londres. Il meurt en 1776.

 

      Mentionnons, outre les deux œuvres citées plus haut,

les Essais philosophiques sur l'entendement humain (1748) et

l'Histoire naturelle de la religion (1757).

Les Dialogues sur la religion naturelle furent publiés à titre posthume.

 

 

Racines et apports

 

I - Les racines

 

* L'influence du scepticisme antique, en particulier celle de Sextus Empiricus (qui vécut au début du IIIe siècle de notre ère), et pour qui la vérité nous échappe en tout), s'exerça vraisemblablement sur Hume, au moins de manière indirecte. Montaigne représente une autre source probable.

* La pensée de Hume s'inscrit également, et de manière très évidente, dans le conurant empiriste anglais, dont John Locke (1632-1704) fut le promoteur.

* Enfin, Hume s'efforce d'être le « Newton de la psychologie » : il applique à la connaissance de l'homme la méthode de recherche expérimentale de l'illustre

physicien anglais (1642-1727). Il s'agit de partir de l'analyse des phénomènes.

 

 

2 - Les apports conceptuels

 

David Hume critique le rationalisme dogmatique de la métaphysique du XVIIIe siècle. Voyant dans l'expérience sensible et dans l'habitude des facteurs explicatifs de notre croyance à la causalité, il réduit le principe de causalité à une simple opinion subjective. Cette critique fut l'aiguillon qui fit sortir Kant de son « sommeil dogmatique».

Cf Note Infra, tirée de J. Vialatoux, La morale de Kant, PUF p.3

 

Les concepts fondamentaux de Hume sont les suivants :

* la perception, qui, chez lui, est envisagée comme événement constituant la vie de l'esprit et comme modalité de notre matériel intellectuel en général ;

* l'impression, une perception ferme et vive, s'imposant à l'esprit avec force ;

* l'idée, image et écho affaiblis de l'impression.

 

J. Russ, Les chemins de la pensée, Bordas p. 210-211

 

_________________________

 

Critique du jugement de causalité

 

Kant fut « réveillé de son sommeil dogmatique » le jour où il lut Hume, notamment la subtile et pénétrante critique de la connaissance de la causalité, développée dans la septième section de l'Essai sur l'entendement humain de I748.

Cette critique lui révéla que le jugement de causalité n'est point, comme on le croyait, un jugement analytique tirant de la cause l'effet qui s'y trouverait précontenu; mais un jugement synthétique affirmant une « connexion nécessaire » entre une cause et un effet radicalement hétérogènes l'un à l'autre. La critique de Hume montrait qu'une telle connexion n'est connaissable ni a priori par déduction (l'effet n'étant point analytiquement précontenu dans ]a cause) ni a posteriori par expérience (l'expérience ne pouvant donner à connaître que des conjonctions empiriques entre des événements « entièrement lâches et séparés », mais jamais des connexions nécessaires). Cette critique induisait au scepticisme et compromettait gravement les « lumières », non seulement celles de la métaphysique prétendant connaître des réalités transcendantes, mais celles mêmes de la physique prétendant connaître des nécessités phénoménales. Seules subsistait, scientifiquement valable, la mathématique, parce que, les jugements mathématiques étant, aux yeux de Hume, des jugements analytiques, leur nécessité pouvait être connue a priori.

 

              J. Vialatoux, La morale de Kant, PUF p.3