René Huyghe

(1906-1997)

 

 

 

Sa vie

René Huyghe commence sa carrière en 1927 au musée du Louvre dont il devient conservateur en 1930. En 1933-1934, il mène une grande enquête sur l'organisation des musées. De 1937 à 1951 il est conservateur en chef du département des Peintures où il met en œuvre une politique active d'acquisitions et dont il crée le service d'étude et de documentation.

Professeur à l'École du Louvre, conférencier international, organisateur de nombreuses expositions à Paris et à l'étranger, il est durant cette période, à l'origine de la création du Service de restauration des peintures des musées de France. Parallèlement, il dirige la revue L'Amour de l'art (1930), qui accorde une importance nouvelle aux comparaisons photographiques, la revue Quadrige (1945); il est l'un des premiers à réaliser des films sur l'art, dont un Rubens  qui sera primé à la biennale de Venise. Il est président-fondateur de la Fédération internationale du film sur l'art.

Pendant la guerre, René Huyghe prend une part active à la sauvegarde des collections nationales, dont les chefs-d'œuvre sont évacués vers différents châteaux de province (Sourches, Chambord, Valençay, Montal, Loc-Dieu, Montauban...). Après la Libération, il poursuit un programme complet de réaménagement des salles de son département (Grande Galerie, salon Carré, salles Rouges...), entamé en 1938.

Professeur au Collège de France, à la chaire de psychologie des arts plastiques, à partir de 1950 &endash; un résumé de ses cours paraîtra en 1991 sous le titre Psychologie de l'art  &endash;, il est élu à l'Académie française en 1960. En 1966, ses travaux lui valent le prix européen Érasme. En 1967-1968, il est appelé à Washington auprès de la National Gallery of Art comme professeur en résidence. À partir de 1974, il dirige le musée Jacquemard-André, propriété de l'Institut de France, à Paris.

 

Son oeuvre

René Huyghe a laissé des écrits nombreux et de tout premier plan, tant pour la connaissance de l'histoire de l'art ancien et moderne &endash; en particulier de la peinture (Histoire de l'art contemporain, 1935, la première histoire internationale de l'art moderne; Vermeer, en collaboration avec A. de Vries, 1935; Delacroix, ou le Combat solitaire, 1964, 2e éd. 1990; La Relève du réel, la peinture française au XIXe siècle, impressionnisme, symbolisme, 1974) &endash; que pour la compréhension de la vie des formes et de la fonction de l'art, domaines qu'il a abordés en recourant aux méthodes d'investigation non seulement de l'histoire et de l'esthétique, mais aussi de la sociologie et de la psychologie. Dans Dialogue avec le visible,1955, il met en lumière la primauté du visuel dans la civilisation occidentale, qui en fait une «civilisation de l'image», et il instaure à partir de là une nouvelle lecture de l'œuvre d'art. Dans L'Art et l'âme  (1960), dénonçant les limites d'une approche exclusivement formelle de la création, il rend à l'art sa fonction expressive d'acte de communication avec le monde et sa valeur de reflet des transformations sociales et morales. Dans Formes et forces  (1971), il poursuit cette réflexion en reliant l'art non seulement à l'homme et à la société, mais aux forces de l'univers. René Huyghe a également dirigé deux ouvrages collectifs d'une remarquable portée pédagogique: L'Art et l'homme  (3 vol., 1958-1961) et L'Art et le monde moderne  (en collaboration avec Jean Rudel, 2 vol., 1970), où les arts plastiques sont étudiés dans leurs relations mutuelles et dans leurs rapports avec les civilisations qui les ont vu naître.

Cf. Encyclopaedia Universalis,
Thesaurus, page 1760