Paul Ricœur

 

 

Philosophe français (1913).Paul Ricœur amorce son trajet philosophique dans le sillage de la revue Esprit, associant l'héritage du christianisme à une attention critique au présent historique et social (Histoire et vérité, 1955). Il trouve un autre point de départ avec Husserl dont il traduit Idées directrices pour une phénoménologie. Ces deux tendances associées se retrouvent dans son travail marquant sur la volonté (Philosophie de la volonté, 1949). Cherchant à accéder à une connaissance profonde de la pensée humaine, il s'intéresse aussi aux mécanismes affectifs de celle-ci (Finitude et culpabilité, 1960; l'Homme faillible, 1960).

Au cœur de cette recherche se dessine une méthode spécifique, l'herméneutique comme lecture interprétative de symboles et sédiments culturels. Très attentif aux signes du bouleversement culturel des années 1960, Ricœur se fait le messager des idées freudo-marxistes, mais la crise universitaire de 1968 le déçoit dans certaines de ses retombées. Il enseigne depuis aux États-Unis.

Sa recherche sur l'herméneutique se poursuit avec De l'interprétation (1965) et le Conflit des interprétations (1969) et est approfondie en une théorie du discours et de l'expression comme a priori de toute pensée (la Métaphore vive, 1975). Ricœur contribue à faire apprécier en France la pensée anglo-saxonne (Soi-même comme un autre, 1990), dont les atouts argumentatifs ne lui semblent pas contradictoires avec les exigences herméneutiques: il y voit la même attention rigoureuse aux faits de discours.

L'influence de Ricœur tient à la préoccupation de rigueur méthodologique dans la pensée liée à une vigilance sur la responsabilité du philosophe dans la cité (le Juste, 1996).

Homme de dialogue interdisciplaire, Ricoeur confronte ses propres analyses philosophique avec celles de la science (Ce qui nous fait penser, 1998 - en dialogue avec J.-P. Changeux) et la théologie (Penser la Bible, 1998 - en dialogie avec l'éxégète A. Lecocque).