Nietzsche

Par-delà le bien et le mal

cinquième partie

 

§ 191

 

 

Das alte theologische Problem von "Glauben" und "Wissen" - oder, deutlicher, von Instinkt und Vernunft - also die Frage, ob in Hinsicht auf Werthschätzung der Dinge der Instinkt mehr Autorität verdiene, als die Vernünftigkeit, welche nach Gründen, nach einem "Warum?", als nach Zweckmässigkeit und Nützlichkeit geschätzt und gehandelt wissen will, - es ist immer noch jenes alte moralische Problem, wie es zuerst in der Person des Sokrates auftrat und lange vor dem Christenthum schon die Geister gespaltet hat. Sokrates selbst hatte sich zwar mit dem Geschmack seines Talentes - dem eines überlegenen Dialektikers - zunächst auf Seiten der Vernunft gestellt; und in Wahrheit, was hat er sein Leben lang gethan, als über die linkische Unfähigkeit seiner vornehmen Athener zu lachen, welche Menschen des Instinktes waren gleich allen vornehmen Menschen und niemals genügend über die Gründe ihres Handelns Auskunft geben konnten? Zuletzt aber, im Stillen und Geheimen, lachte er auch über sich selbst: er fand bei sich, vor seinem feineren Gewissen und Selbstverhör, die gleiche Schwierigkeit und Unfähigkeit. Wozu aber, redete er sich zu, sich deshalb von den Instinkten lösen! Man muss ihnen und auch der Vernunft zum Recht verhelfen, - man muss den Instinkten folgen, aber die Vernunft überreden, ihnen dabei mit guten Gründen nachzuhelfen. Dies war die eigentliche Falschheit jenes grossen geheimnissreichen Ironikers; er brachte sein Gewissen dahin, sich mit einer Art Selbstüberlistung zufrieden zu geben: im Grunde hatte er das Irrationale im moralischen Urtheile durchschaut. - Plato, in solchen Dingen unschuldiger und ohne die Verschmitztheit des Plebejers, wollte mit Aufwand aller Kraft - der grössten Kraft, die bisher ein Philosoph aufzuwenden hatte! - sich beweisen, dass Vernunft und Instinkt von selbst auf Ein Ziel zugehen, auf das Gute, auf "Gott"; und seit Plato sind alle Theologen und Philosophen auf der gleichen Bahn, - das heisst, in Dingen der Moral hat bisher der Instinkt, oder wie die Christen es nennen, "der Glaube", oder wie ich es nenne, "die Heerde" gesiegt. Man müsse denn Descartes ausnehmen, den Vater des Rationalismus (und folglich Grossvater der Revolution), welcher der Vernunft allein Autorität zuerkannte: aber die Vernunft ist nur ein Werkzeug, und Descartes war oberflächlich.

Le vieux problème théologique de la "foi" et du "savoir ", ou plus précisément de l'instinct et de la raison, la question de savoir si l'instinct peut juger des choses avec plus d'autorité que la raison (laquelle exige des jugements et des actes motivés, conformes à un "pourquoi", donc à une fin, à une utilité), ce vieux problème s'est incarné d'abord dans la personne de Socrate, et longtemps avant le christianisme a divisé les esprits. Le talent de Socrate il est vrai, cet éminent talent de dialecticien, l'avait d'abord incliné du côté de la raison; et en vérité qu'a-t-il fait toute sa vie, que de rire de la gaucherie et de l'incapacité de ses nobles Athéniens, hommes instinctifs comme tous les aristocrates, et qui ne savaient jamais rendre compte suffisamment des motifs de leurs actions? Mais en secret et sous cape, il finit par rire aussi de lui-même; à force de sonder sa conscience plus raffinée et son for intérieur, il retrouvait en lui la même gaucherie et la même impuissance. Mais à quoi bon, se disait-il, renoncer aux instincts pour autant? Il faut les aider, eux et la raison, à se faire droit; il faut obéir aux instincts, mais persuader la raison de leur prêter après coup de bonnes raisons. Telle était à vrai dire la duplicité de ce grand et mystérieux ironiste; il réduisait sa conscience à se satisfaire d'une sorte de duperie qu'elle s'infligeait à elle-même; au fond, il avait percé à jour le caractère irrationnel des jugements moraux. Platon, plus innocent en ces matières, et dépourvu de toute astuce plébéienne, voulut de toutes ses forces - et elles dépassaient de beaucoup celles de ses prédécesseurs - se démontrer à lui-même que la raison et l'instinct tendent tout naturellement au même but, au bien, à "dieu". Depuis Platon, théologiens et philosophes ont marché dans la même voie, c'est-à-dire qu'en matière de morale l'instinct, ou comme disent les chrétiens, la "foi", ou comme je dis, moi, le "troupeau", l'a emporté. Il faudrait faire une exception pour Descartes, père du rationalisme (et par conséquent grand-père de la Révolution) qui ne reconnaissait d'autorité qu'à la seule raison; mais la raison n'est qu'un instrument, et Descartes était superficiel.

 

Problème de la détermination morale par l'instinct ou la raison
Solution de Socrate, de Platon et de la philosophie ultérieure

 

Deux schémas en guise de commentaire de ce § où Nietzsche, dans le droit fil du § précédent, contine d'interroger le socratisme de Platon et met en évidence l'impact de la personnalité de Socrate et de Platon sur leur façon respective de rendre compte de l'agir et des jugements moraux, en élargissant le champ de son analyse qui égratigne au passage la morale chrétienne et le rationalisme cartésien.

 

 

 

 

Autres aphorismes de la cinquième partie

 

Traduction et commentaire

© M. Pérignon