PLATON

Ménon ou Sur la vertu

 

DESSEIN ET DÉMARCHE

Qu'est-ce que la vertu ? La vertu s'enseigne-t-elle ou non ? N'est-elle pas naturelle ? Tels sont les problèmes du Ménon; Ménon est un noble Thessalien, ami de Gorgias, qui tient, avec Socrate, un rôle essentiel dans le dialogue. S'ajoutent deux autres personnages: un esclave de Ménon et Anytos, l'accusateur de Socrate.

Dialogue aporétique, c'est-à-dire n'apportant pas de réponse aux problèmes posés dès le début, le Ménon conduit surtout à l'idée qu'apprendre n'est que se ressouvenir. D'où l'importance centrale de l'épisode avec l'esclave en mesure de résoudre la question de la duplication d'un carré.

 

ANALYSE DE L'ŒUVRE

A) Préambule et définitions premières
Ménon demande à Socrate si la vertu peut s'enseigner ou si elle est donnée à l'homme par la nature. À cette interrogation, Socrate surajoute cette question : quelle définition générale peut-on donner de la vertu, de manière à savoir ce qu'elle est exactement ? Ménon propose un " essaim de vertus ", celles de l'homme, du vieillard, de la femme, et non point une vertu unique. Incapable de fournir une réponse satisfaisante, Ménon compare Socrate à la torpille, poisson engourdissant ceux qui l'approchent.

B) Théorie de la réminiscence

Comment trouver une chose dont on ne sait rien ? Socrate fait appel à la théorie de la réminiscence. Il interroge un petit esclave, qui n'a jamais étudié les sciences et qui trouve, par lui-même, la manière de construire un carré double d'un carré donné. Socrate fait donc retrouver au petit esclave des éléments de géométrie qu'on ne lui a jamais enseignés. Il découvre ainsi des vérités que chacun peut trouver en soi; I'âme peut, en effet, se ressouvenir de ce qu'elle a vu ou contemplé ailleurs: elle conserve des réminiscences de connaissances acquises avant la naissance. Dès lors, s'instruire est se ressouvenir.

C) Reprise du problème de la vertu

Ménon, plutôt qe de définir la vertu, en revient à la première question: la vertu est-elle un don de la nature ou une science ? En vérité, la vertu n'est pas une science, mais une opinion vraie, fruit d'une faveur divine. Ainsi conclut Socrate: " La vertu n'est ni un don de nature ni l'effet d'un enseignement [...] elle vient par une faveur divine " (Ménon, Belles Lettres, p. 279).

 

CONCLUSION

La théorie de la réminiscence est, on l'a vu, essentielle dans le Ménon: elle fonde la conception platonicienne des Idées et forme le noyau le plus célèbre de ce dialogue de Platon: il y a là un tournant, explicitant le problème de la connaissance.

 

Cf. J. Russ, Philosophie: Les auteurs, les oeuvres Bordas pp. 16-17

 

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