“L'Être se dit de l'être par accident ou de l'être par essence.

Il est par accident quand, par exemple, nous disons que le juste est musicien, ou que l'homme est musicien, ou que le musicien est homme à peu près pareillement, dire que le musicien bâtit, c'est dire que l'architecte est musicien par accident, ou que le musicien est architecte par accident en effet, ceci est cela signifie que cela est accident de ceci. Même remarque pour les cas que nous avons indiqués si nous disons, par exemple, que l'homme est musicien et que le musicien est un homme, ou que le blanc est musicien, ou que le musicien est blanc, ces deux dernières expressions signifient que l'un et l'autre attributs sont des accidents du même sujet existant, la première expression, que l'attribut est accident de l'être, et le musicien est un homme, que le musicien est un accident de l'homme. De même, on dit que le non-blanc est, parce que ce dont il est l'accident est. Ainsi, quand les choses sont dites par accident, c'est ou bien parce que les deux accidents appartiennent au même sujet existant, ou bien parce que le prédicat est un accident du sujet existant, ou bien enfin parce que le sujet, auquel appartient comme un accident ce dont il est lui-même prédicat, lui-même existe.

L'Être par essence reçoit toutes les acceptions qui sont indiquées par les types de catégories, car les sens de l'Être sont en nombre égal à ces catégories. Puis donc que, parmi les prédicats, les uns signifient la substance, d'autres, la qualité, d'autres, la quantité, d'autres, la relation, d'autres, l'action ou la passion, d'autres, le lieu, et d'autres, le temps, à chacune de ces catégories répond un des sens de l'Être. C'est qu'il n'y a aucune différence entre l'homme est bien portant et l'homme se porte bien, ni entre l'homme est se promenant ou coupant, et l'homme se promène ou coupe; et ainsi de suite.»

 

 

Aristote, Métaphysique 1017 a

 

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