Nous saisissons à présent la condition essentielle pour qu'une conscience puisse imager : il faut qu'elle ait la possibilité de poser une thèse d'irréalité. Mais il faut préciser cette condition. Il ne s'agit point pour la conscience de cesser d'être conscience de quelque chose. Il entre dans la nature même de la conscience d'être intentionnelle et une conscience qui cesserait d'être conscience de quelque chose cesserait par là même d'exister. Mais la conscience doit pouvoir former et poser des objets affectés d'un certain caractère de néant par rapport à la totalité du réel. On se rappelle en effet que l'objet imaginaire peut être posé comme inexistant ou comme absent ou comme existant ailleurs ou ne pas être posé comme existant. Nous constatons que le caractère commun à ces quatre thèses c'est qu'elles enveloppent toutes la catégorie de négation quoique à des degrés différents. Ainsi l'acte négatif est constitutif de l'image.

J.-P. SARTRE, L'Imaginaire, Paris, Éd. Gallimard, coll. Idées, 1966, p. 351

 

 

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