Une approche naturaliste [...] ne peut inclure la référence à de quelconques forces occultes ou à quelque mystère des origines. Comme l'enseignaient déjà Spinoza puis Auguste Comte, le scientifique doit se dégager de tout recours à la métaphysique comme de tout anthropocentrisme, et adopter le mode de pensée qui est celui des sciences expérimentales. Cela ne coûte pas cher lorsqu'on travaille sur le rayonnement laser ou la chimie des silicones. Il n'en est pas de meure pour le neurobiologiste. Le mythe, traditionnel dans la culture occidentale, de l'existence d'un Esprit immatériel et immortel, qui présiderait au destin de notre vie, est encore bien ancré dans nos mentalités [,..] Depuis la mort du vitalisme et avec les avancées de la biologie moléculaire, le cerveau reste le lieu privilégié des conflits, souvent occultes, entre Science et Foi.

 

Changeux et Ricœur, La Nature et la Régle,
Odile Jacob, 1998, p. 190

 

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