On dit volontiers: mon vouloir a
été déterminé par ces mobiles,
circonstances, excitations et impulsions. La formule implique
d'emblée que je me sois ici comporté de façon
passive. Mais, en réalité, mon comportement n'a pas
été seulement passif; il a été actif
aussi, et de façon essentielle, car c'est mon vouloir qui a
assumé telles circonstances à titre de mobiles, qui
les fait valoir comme mobiles. Il n'est ici aucune place pour la
relation de causalité. Les circonstances ne jouent point le
rôle de causes et mon vouloir n'est pas l'effet de ces
circonstances. La relation causale implique que ce qui est contenu
dans la cause s'ensuive nécessairement. Mais, en tant que
réflexion, je puis dépasser toute
détermination posée par les circonstances. Dans la
mesure où l'homme allègue qu'il a été
entraîné par des circonstances, des excitations, etc;
il entend par là rejeter, pour ainsi dire, hors de
lui-même sa propre conduite, mais ainsi il se réduit
tout simplement à l'état d'essence non-libre ou
naturelle, alors que sa conduite, en vérité, est
toujours sienne, non celle d'un autre ni l'effet de quelque chose
qui existe hors de lui. Les circonstances ou mobiles n'ont jamais
sur l'homme que le pouvoir qu'il leur accorde
lui-même.
Hegel
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