Jean Beaufret

1907-1982

 

Jean Beaufret a fait ses études secondaires au lycée de Montluçon. Elève en Khagne au lycée Louis-le-Grand, il va de temps à autre suivre en auditeur libre le cours d'Alain au lycée Henri-IV. Il entre à l'école normale supérieure en 1928. Il y prépare l'agrégation de philosophie qu'il réussira en 1933, après un séjour d'un an à Berlin (au cours duquel il est confronté à la langue et à la culture allemande qui compteront ensuite beaucoup dans sa vie) et son service militaire. Nommé professeur à Guéret, dans la Creuse dont il est originaire, Jean Beaufret s'intéresse alors à Valéry, la psychanalyse, André Breton, Eluard ainsi qu'au romantisme allemand. La poésie le passionne. Au lycée il traite consciencieusement le programme à sa façon: la lecture de Proust lui tient volontiers lieu de cours de psychologie...

Dans le domaine philosophique, en bon germaniste, il explore la pensée de Fichte, Hegel et Marx. Le marxisme l'attire, le front populaire le passionne. Il fait alors la connaissance de Maurice Merleau-Ponty. Il change à cette époque plusieurs fois de poste, passant de Gueret à ... Alexandrie, en passant par Auxerre. Fait prisonnier à la débâcle, il s'évade et reprend son enseignement à Grenoble puis à Lyon. C'est alors qu'il découvre Husserl et Heidegger. En pleine guerre il lit Sein und Zeit de ce dernier.

Lorsque Heidegger rencontrera Jean Beaufret pour la première fois, en 1946, il sera frappé par la liberté qu'il sent en lui. Il vient de lire les articles que Jean Beaufret vient de publier "à propos de l'existentialisme". De son côté, Jean Beaufret confie qu'il a, après à peine une heure de rencontre avec Heidegger, le sentiment d'avoir trouvé ce qu'il cherchait.

A la différence de Hannah Arendt, Jean Beaufret ne sera jamais l'élève de Heidegger. Il a à l'époque 39 ans ! Il sera son interlocuteur privilégié. Heidegger dira de lui en parlant de Sein und Zeit: "celui-ci m'a bien lu". Jean Beaufret sera le premier en effet à mesurer l'originalité profonde de pensée heidegerienne. De Heidegger il apprendra à porter un regard phénoménologique sur l'Histoire de la philosophie, regard avec lequel il relira, entre autres, le Poème de Parménide. Losque Heidegger publiera sa conférence Temps et Etre en 1962, il l'offrira à Jean Beaufret. Vingt ans plus tôt il lui avait adressé sa lettre sur l'humanisme.

Après la libération, Jean Beaufret (qui n'a jamais passé sa thèse de doctorat) enseignera en Khagne au lycée Henri-IV de 1949 à 1953 puis au lycée Condorcet, d 1955 à 1972.

Son oeuvre

- Le poème de Parménide, PUF, 1955
- Hölderlin et Sophocle, 10/18, 1965
- Dialogue avec Heidegger, Ed. de minuit, 4 vol 1973-1985
- Notes sur la philosophie en France au XIXe siècle, Vrin, 1984
- Entretiens avec F. de Towarnicki, PUF, 1984
- De l'existentialisme de Heidegger, Vrin, 1986
 
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