La passion

 

Commentaire de texte : Rousseau - passions, leur valeur
Commentaire de texte
: Rousseau - passion et entendement
Dissertation :
Peut-on faire l'éloge de la passion ?

 

 

 Plan

 

Introduction

Nature de la passion

La passion suspectée

I. Au-delà des griefs dont la passion fait l'objet

1. La passion ennemie de la raison

2. La passion source d'aveuglement coupable

II. vers une philosophie de la passion

1. La passion et l'absolu

2. Du bon usage de la passion

Conclusion

L'homme entre deux mondes


 

Introduction

 

Nature de la passion

La passion n'est pas
- une simple envie,

- une simple émotion,

- ou un simple sentiment,

Elle est un intérêt exclusif : lorsqu'elle l'éprouve, "l'individualité tout entière (...) se projette en un objet avec toutes les fibres intérieures de son vouloir, concentre dans cette fin tous ses besoins et toutes ses forces" (Hegel)

Cf. "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé" (Lamartine)

 

La passion suspectée

 

La tradition philosophique (occidentale) tient un discours très critique à l'égard des passions. Hegel reconnaît que " La passion est tenue pour une chose qui n'est pas bonne, qui est plus ou moins mauvaise: l'homme ne doit pas avoir de passions... "

• Kant : "Si l'émotion est une ivresse, la passion est une maladie"

• Alain: "Les passions sont comme la peste et le typhus "

 

Analyse d'un exemple: proposAlain philosophe sur le paradoxe de l'amour passionnel.

Alain fait référence à l'analyse de l'amour dans le Banquet de Platon.Il donne en exemple l'amour dont Célimène est l'objet dans le Misanthrope de Molière. La jeune veuve séduisante et spirituelle est donnée en exemple en raison de la passion, délirante, que lui voue Alceste, pourtant peu enclin à admirer se semblables. Alain observe que l'amour-passion repose sur un étrange paradoxe : celui qui est passionnément amoureux aime d'autant plus sa dulcinée que celle-ci en vaut moins la peine ! On retrouve ici le dicton selon lequel "l'amour rend aveugle".- Lucrèce déjà se moquait des jeunes gens qui paraient leur "belle" de qualités imaginaires.- Alain explique qu'il est dans la nature de l'amour de "grandir" la valeur de son "objet", par inclination à conquérir quelque chose de grand.

 

 

Première partie:

les griefs dont la passion fait l'objet

 

Les philosophes semblent avoir deux (bonnes?) raisons de condamner la passion.

 

1) Premier grief : la passion ennemie de la raison

Elle en pervertit l'usage, en la détournant de son rôle, qui est de nous faire poursuivre des fins raisonnables. La raison veut que nous acceptions de composer avec les exigences de la réalité. La passion ne saurait en avoir cure, elle dont le désir récuse les limitations du réel. Platon déjà soulignait à quel point la psssion peut troubler l'esprit de ceux qui l'éprouvent.

2) Deuxième grief

La passion serait source d'aveuglement coupable. La passion, idéalise son objet, tout en lui étant, au fond, indifférente. Cf. phénomène de la cristallisation décrit par Stendhal.

La passion prenant son objet comme moyen d'arriver à ses propres fins, s'il s'agit d'une personne on comprend que la passion est moralement condamnable. La loi morale impose en effet de "traiter la personne des autres toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen" (Kant) !

N.B. reste à comprendre la finalité de la passion.

 

 

Deuxième partie:

vers une philosophie de la passion

 

Pour comprendre la conduite passionnelle, il est éclairant de se tourner vers ceux qui, l'ayant cultivée, en ont reconnu la portée, qui est proprement métaphysique, et même "mystique".

Cf. les romantiques, pour qui l'amour = "recherche de l'inconnu" (Fichte)

 

1. La passion et l'absolu

Nous l'avons constaté: la passion est refus de la réalité telle qu'elle est, en fonction de laquelle on juge de ce qui est raisonnable.

Elle est en quête d'une autre réalité, autre que la réalité finie, temporelle, au sein de laquelle nous évoluons et que la raison explore et balise.

Aussi ne saurait-elle entendre raison, elle qui, pourrait-on dire, est branchée ailleurs (que la raison).

Cf. Alquié, qui, parlant de refus du temps fait procéder la passion du "désir d'éternité".

 

2. Du bon usage de la passion

De nature mystique, tournée vers quelque chose d'autre que le réel immédiat, la passion relève de la croyance, au delà de la raison.

= > Rien ne sert de la combattre avec les armes de la raison !

• Si la passion veut l'absolu, fera bon usage de sa nature passionnelle l'homme qui tournera son désir vers ce qui le conduit à cet absolu.

• Inversement, toute fixation du désir sur ce qui n'en vaut pas la peine, relèvera du mauvais usage de la passion.

=>"Seul Dieu tu adoreras ", voix du monothéisme, voix de la sagesse.

 

Platon, dans le Banquet, a décrit le chemin du désir de possession de la passion amoureuse, appelée à élever l'âme de celui qui l'éprouve de la beauté des beaux corps jusqu'à la Beauté absolue.

Rousseau, dans la Nouvelle Héloïse, montrera que l'on ne saurait vaincre une passion que par une passion supérieure.

 

 

Conclusion

 

Il est dans la condition de l'homme d'être pris entre deux mondes, celui de la terre (matériel et rationnel) et celui du ciel (idéal, spirituel). Dans l'Albatros, en décrivant le malaise du poète confronté à la trivialité du monde, traduisait l'expérience de tout homme passionné.

 

 


© M.Pérignon