le travail

 

 

plan

 

Introduction

I. Nature anthropologique

II. Portée anthropologique

Conclusion

 

 

Introduction

 

Sens du mot Cf. Philosophie de A à Z pp. 359-360

Sens courant :
activité rémunérée

Sens central :

activité de l'homme ordonnée à la satisfaction de ses besoins

Sens étymologique : (< tripalium)

instrument de contrainte

Regards sur le travail

de l'opinion commune :
travail = activité contrainte, productrice de quelque chose d'utile

de la philosophie :

travail = activité libératrice, productrice de l'homme par lui-même. Cf. Emmanuel Mounier (1905-1950) : "Le travail travaille à faire un homme en même temps qu'une chose."

Problématique

Le travail humanisant ?

=>

1) Qu'est-ce qui, dans le travail, fait de lui un instrument d'humanisation de l'homme ?

2) Dans quelle mesure le travail travaille-t-il à faire un homme ?

 

 

I. Nature anthropologique du travail

 

A. Le travail, activité typiquement humaine

Le travail indice de la présence de l'humanité sur terre
Cf. Paléontologie : outil, marque de la présence première de l'homme

Cf. Bergson, l'homme est "Homo Faber", artisan, avant d'être "homo sapiens", savant.

 

B. Le travail, activité transformatrice de la nature

La civilisation agraire introduit un changement culturel qu'exprime le sentiment de porter atteinte à l'ordre naturel.
Cf. M. Eliade, déclaration de l'indien de la tribu Wanupum

Le travail introduit une rupture "ontologique". De reçu, l'être devient conquis : avec l'homme commence une création "nouvelle"

Cf. Bible, Genèse 2-3

Par le travail, homme appelé à devenir “comme maître et possesseur de la nature” (Descartes)

 

C. Le travail met en oeuvre en les développant les facultés intellectuelles de l'homme

Le travail fait passer l'homme de la satisfaction immédiate, pulsionnelle, de ses besoins, à leur satisfaction différée. Il conduit ainsi l'homme à adopter une conduite raisonnée et raisonnable.
Cf. Commentaire d'un passage de l'Érotisme de G. Bataille ( 1897-1962 )

L'exécution d'une tâche est précédée et commandée par sa conception. Le travail requiert ainsi l'intervention, entre autres facultés de l'esprit, de l'intelligence, de la mémoire, de l'imagination, et de la volonté.

Cf. Commentaire d'un passage de Marx extrait du le Capital

 

D. Le travail différencie le comportement humain du comportement animal :

L'activité animale s'effectue de façon "instinctive" le travail humain est inventif. D'où sa plasticité. Comme l'écrit André Leroi-Gourhan (1911-1986), « l'animal répète là où l'être humain, parce qu'il n'a pas en lui de schémas de comportement innés, est obligé d'inventer. »

 

E. Le travail détermine l'avènement de la culture et de l'Histoire.

A l'origine de l'Histoire et, en grande partie, constitutive de celle-ci, il y a l'obligation pour l'homme de faire face sans réponse préétablie à ses besoins et de transmettre les savoir-faire ainsi acquis.

 

Texte synthèse

 

"Le travail est un facteur d'équilibre individuel et d'épanouissement psychologique, car il assure l'insertion de l'homme dans la réalité. En tant qu'activité créatrice, le travail apparaît ainsi comme une dimension spécifiquement humaine: c'est par lui que l'homme est capable de transformer la nature et, par-là, de se transformer lui-même; c'est par lui enfin, qu'échappant à l'animalité, il entre dans l'Histoire."

G. Friedmann, le travail en miettes, p.233

 

 

II. Portée anthropologique du travail

 

Question inductrice: dans quelle mesure le travail travaille-t-il à faire un homme?

 

A. Hegel

Cf. Texte de Hegel, extrait de la phénoménologie de l'Esprit

Son idée principale, relative au sens du travail : "le travail est la seule façon pour l'homme de réaliser son essence, càd d'accéder à la plus haute liberté."Travailler, pour le serviteur c'est - tout en étant dépendant, soumis aux ordres d'un autre - transformer la nature et, ainsi, y laisser son empreinte s'y reconnaître et, finalement, de la sorte, accéder (sans l'avoir voulu) à la conscience de soi, et à la liberté. Ainsi s'opère un renversement, dialectique, de relation entrte celui qui travaille et celui pour qui il travaille. L'expression "dialectique du maître et de l'esclave" sert à désigner ce renversement tel que Hegel le décrit.

B. Marx. Phénomène de l'aliénation

Distinguer deux points de vue sur le travail : l'un qui cherche à déceler la signification anthropologique du travail (celui de Hegel), l'autre qui s'attache à décrire les conditions économiques-sociales, dans lesquelles cette activité est exercée de fait, historiquement (celui de Marx). La pensée de Marx est consacrée, pour l'essentiel, à l'organisation capitaliste de la production.

Tout en fondant sa propre conception de la vie humaine sur l'activité de production, Marx considère que le mode de production qu'il a sous les yeux, au XIXème siècle, a pour effet d'aliéner l'activité de l'ouvrier.

Cf. Texte de Marx

Qui dit aliénation, [le concept est emprunté à Hegel] dit dépossession de soi. L'aliénation est dessaisissement de ce qui nous appartient ou nous définit en propre. Être aliéné, c'est, en quelque façon, devenir "étranger" à soi-même (cf. étym.)

Le travail de l'ouvrier est par nature aliénant : en travaillant pour un autre, l'ouvrier est privé en grande partie du bénéfice de son activité.

Pur expliquer la forme économique que prend cette dépossession, Marx met au point le concept de plus-value.

Étant donnée que l'aliénation est liée à la division du travail (en régime capitaliste), Marx voit dans la suppression de la propriété privée des moyens de production le moyen d'y mettre fin.

Reconnaître que le travail constitue un chemin d'humanisation, cela conduit-il à réduire l'homme à son activité productrice ? En d'autres termes, l'épanouissement humain passe-t-il exclusivement par le travail ?

a) Rappels :

Le point de vue de Hegel : "Le travail est la seule façon pour l'homme de réaliser son essence."

Le point de vue de Marx : pour les hommes être, c'est produire: "Ce qu'ils sont coïncide avec leur production. " Toutefois ..." le royaume de la liberté commence seulement là où l'on cesse de travailler par nécessité. " Cf. Capital, Livre III, t. 3 p.198

b) Ouverture :

L'homme peut-il développer son humanité autrement que par le travail ? Si oui, comment et à quelles conditions  ?

Comment ? Au moyen d'une activité sociale

A quelle condition ? Que cette activité active ses potentialités, - sa capacité à être raisonnable - son imagination et sa volonté.

Activités candidates à la fonction : la philosophie, la science, la religion, l'art, politique, le sport....

 

CONCLUSION

Ce que le travail devrait aider l'homme à être permet non seulement de critiquer les conditions dans lesquelles l'homme est amené historiquement à travailler mais aussi d'envisager lucidement les effets de la disparition du travail sur le développement des virtualités de l'homme.

 


© M. Pérignon