L'Etat

et le pouvoir   

 

 
Plan

 

 
 

Introduction : l'Etat et le pouvoir

I. L'exercice du pouvoir

A. Faire la loi (parler)

B. Contrôler (voir)

C. Organiser (savoir)

II. Les fonctions de l'Etat

A. Les fonctions primaires

B. Les fonctions secondaires

III. Les formes de gouvernement

A. Le despotisme et l'absolutisme

B. La démocratie

C. La technocratie

IV. L'individu et le pouvoir

A. Le devoir d'obéissance

B. Le devoir de résistance

C. L'exercice de la vigilance

Conclusion

"Le mépris obissant est roi" (Alain)

 

 

 

 


 

Introduction : L'Etat et le pouvoir

 

- Lien entre les deux notions

 

Pour l'homme occidental, l'Etat est perçu comme la forme la plus évidente du pouvoir. Mais il existe d'autres formes de pouvoir : spirituel, économique, etc.

Le pouvoir politique est le pouvoir qui s'exerce sur un ensemble d'individus formant société par le canal de la loi.

 

- Ce par quoi le pouvoir se définit et s'exerce :

Qui dit pouvoir dit

• quelqu'un qui commande, appelé "souverain", ayant autorité pour diriger.

• et quelqu'un qui obéit, appelé "sujet", soumis à l'autorité su souverain

L'exercice du pouvoir politique suppose qu'il existe une différence entre gouvernants et gouvernés. La réalité d'une telle différence est, selon Platon, le fondement d'une autorité quelle qu'elle soit : on ne prend pas des boeufs pour gouverner des boeufs !

 

- Pour connaître et comprendre l'exercice du pouvoir, se demander :

1) à l'aide de quels moyens,

2) à quelles fins,

3) sous quelles formes,

4) dans quelles limites le pouvoir de l'Etat s'exerce-t-il ?

 

 

 

Première partie :

modalités d'exercice du pouvoir politique
 

 

Gouverner, c'est  :

 

A) Faire la loi : dire *

 

Le pouvoir doit pouvoir parler : faire la loi , c'est dire ce qui est à faire et à ne pas faire, prescrire.

* = pouvoir législatif Cf. Montesquieu

Cf. Théorie de la séparation des pouvoirs de Montesquieu

 

B) Contrôler : voir *

 

Le pouvoir doit pouvoir s'assurer de l'application des lois

* = pouvoir judiciaire

 

C) Imposer : faire faire *

 

Le pouvoir doit pouvoir être efficace.

* = pouvoir exécutif Cf. Montesquieu

[ Aujourd'hui le pouvoir s'articule au savoir, articulation dont naît la technocratie. Cf. Partie III

L'efficacité du pouvoir est ce par quoi se définit en toute rigueur sa valeur. ]

 

 

Deuxième partie:

Les fonctions de l'Etat
 

L'Etat a pour fonction d'assurer la sécurité des personnes et des biens et le bien-être collectif.

 

A. Les fonction primaires

 

Les fonctions primaires de l'Etat sont les fonctions de décision (élaboration et vote des lois) et de coercition (application des lois). Exercent ces fonctions les polices, forces armées, et appareils judiciaires.

L'exercice de ces fonctions a pour finalité de garantir la sécurité des citoyens en assurant l'ordre public.

 

 

B. Les fonction secondaires

 

Dérivées : administratives, qui ont tendance à s'accroître dans les sociétés modernes.

Accessoires :

- d'éducation (ex. lois de 1882, 1886, 1959)

- d'assistance sociale (cf. préamb.const.du 27.10.46)

- économiques.

N.B. Les grandes doctrines politiques s'opposent sur l'étendue des fonctions de l'Etat :

• Le socialisme se caractérise par le "tout-Etat". Cf. tendance aux nationalisations

• Le libéralisme tend à réduire l'intervention de l'Etat au maintien de l'ordre nécessaire à la sécurité des biens et des personnes. Cf. Tendance aux privatisations.

 

 

Troisième partie :

Les formes de gouvernement

 

 

A) Le despotisme et l'absolutisme

 

Nature :
Le despotisme est un régime où " un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices " (Montesquieu).

 

Ressort psychologique :

La peur (TP.320) !

 

Théoricien : Thomas Hobbes. Cf. De cive (1642) et Léviathan (1651)

Considérant que "tout homme est un loup pour l'homme", Hobbes (Léviathan), estime que le passage de l'état de nature, où règne la "loi de la jungle", à l'état social suppose que les individus abandonnent leurs droits naturels au profit d'un souverain, individu ou assemblée, qui jouit désormais de tous les pouvoirs et qui a pour charge de faire régner l'ordre et la paix. Un tel pouvoir ne peut qu'être absolu et doit s'étendre aux opinions aussi bien qu'aux actes : il y va de la sécurité de chacun.

Forme moderne :

le totalitarisme 

 

B) La démocratie :

 

Pour Rousseau, au contraire, le principe sur lequel repose le contrat social est le suivant : "Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant" (Rousseau, Contrat Social, Livre I, chap. VI)

 Tout pouvoir émane du peuple et la souveraineté du peuple est

- inaliénable (même représenté, c'est le peuple qui tranche : référendum). Cf. concept de volonté génrale

- indivisible (exécutif soumis au législatif)

- infaillible (à condition que les partis ne trompent pas le peuple). 

La démocratie est ainsi le régime politique dans lequel chacun est à la fois sujet et souverain.

 

 

B) La technocratie :

 

Qui détient le pouvoir dans les sociétés modernes ? Le pouvoir y est de plus en plus détenu de fait par des techniciens ou des fonctionnaires spécialisés: quelle que soit la diversité des régimes politiques, nous sommes entrés dans ce qu'on appelle "l'ère des organisateurs" (Burnham).

Le pouvoir consiste désormais à administrer autant sinon plus qu'à gouverner.

La technocratie est en effet inévitable lorsque la complexité des problèmes devient telle qu'elle suppose des compétences particulières que ne peuvent posséder ni le peuple dans son ensemble, ni une assemblée élue, ni même un homme seul.

Conséquence : le pouvoir échappe à ses détenteurs légitimes !

 

 

Quatrième partie :

l'individu et le pouvoir

 

 

A. Le devoir d'obéissance :

 

La première fonction du pouvoir d'assurer l'ordre publique, condition de
toute vie sociale (Platon),

toute liberté (Rousseau),

tout progrès (Hegel).

Aussi le pouvoir est-il une autorité à laquelle il faut obéir. Cf. Alain

Un pouvoir auquel on n'obéirait pas ne serait plus un pouvoir et ne remplirait pas sa fonction. Cf. Machiavel

 

 

B. Le devoir de résistance

 

Le pouvoir tend toujours à l'abus (Locke), càd qu'il tend toujours à imposer aux citoyens plus que nécessaire.

Il y a en effet une ivresse du pouvoir chez ceux qui gouvernent ( Tacite parlait de libido regnandi  ) qui les rend incapables de mesure

Et il y a chez les gouvernés une tendance à admirer les chefs, qui en fait une proie facile pour la tyrannie (Locke).

Aussi le devoir de résistance doit-il aller de pair ave le devoir d'obéissance: "Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre; par la résistance il assure la liberté" (Alain)

 

 

C. L'exercice de la vigilance

 

Aussi est-il de la prudence pour les citoyens d'opposer à tout pouvoir une résistance d'opinion...

Comment se préserver des abus de pouvoir ? Par une résistance d'opinion !

L'important n'est donc pas, pour le citoyen, de changer de maîtres en substituant un pouvoir à un autre pouvoir, mais d'exercer sur tout pouvoir un contrôle vigilant, de le contraindre à ne pas se mêler de ce qui ne le regarde pas (cf. fonctions secondaires) !

La liberté de pensée et la liberté d'expression apparaissent ainsi comme le fondement de toutes les libertés politiques, et l'arme la plus efficace dont dispose le citoyen pour se défendre contre les abus auxquels tendent toujours les pouvoirs.

 

N.B. Droit de voir, savoir et parler (médias), antidote à l'abus de pouvoir.

 

 

Conclusion

 

Il est nécessaire d'obéir au pouvoir politique, non de l'estimer.

D'ailleurs la faiblesse du pouvoir apparaît dans son besoin d'être approuvé, acclamé, vénéré.

Aussi peut-on dire avec Alain, que " Un mépris obéissant est roi "

 

© M. Pérignon