Nature et culture

 

  Test sur nature et culture

 

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Introduction

  Concepts en présence

  Problématique la leçon:

détermination en l'homme de la part de ce qui revient à la nature et de ce qui revient à la culture.

I. L'éloignement de la nature

Le regard de l'homme sur la nature:

A. Le regard traditionnel

B. le regard moderne

II. La négation de la nature

L'achèvement du grand refus de la nature:

A. L'interdit, passage de la nature à la culture

B. La plasticité du comportement humain

C. De l'inné à l'acquis

III. Potentialités humaines

L'idée de nature humaine, indispensable:

A. Il existe un fonds biologique incompressible

B. L'homme est seul capable de certaines performances

Conclusion

Conséquence anthropologique de l'indétermination première du comportement de l'homme: le phénomène de la diversité culturelle.

 

 

Introduction

 

Concepts en présence

Nature

Le mot nature sert à désigner soit la nature d'un être, soit la nature en général. Cf. champ sémantique de naturel et culturel

• nature d'un être :

1) Initialement, principe dirigeant le développement d'un être (cf. étym).
La nature s'oppose dans ce cas, en tant que cause, à l'art et à la technique.

2) Essence, ensemble des caractères qui définissent un être comme conforme à son espèce.

Ex. nature humaine, présente en tout homme.

3) Tout ce qui est inné ou spontané dans une espèce.

S'oppose alors à la culture (Cf. homme à l'état de la nature - Rousseau ) ou, dans le langage de la théologie, à la révélation et à la grâce.

4) Dans un sens plus particulier, désigne les caractères propres à un individu qui le distinguent d'un autre.

Cf. "C'est dans sa nature"

• nature en général

La nature est alors l'ensemble des réalités (règne animal, minéral et végétal) soumises à des lois générales.

Ce sens se spécialise ensuite :

1) Ensemble de ce que Dieu a créé ou, dans une perspective non chrétienne, de tout ce qui existe; ensemble des êtres soumis à une causalité de type mécanique (par opposition à la liberté ou à l'esprit).

2) Le monde visible en tant qu'il s'oppose à ce qui est d'ordre affectif, spirituel ou intellectuel.

3) Par opposition à surnaturel, ce à quoi nous sommes habitués. Cf. Pascal, habitude, "seconde nature"

 

La culture

Le terme culture présente deux sens fondamentaux,
1) au sens humaniste, il désigne l'instruction;

2) au sens anthropologique, il désigne l'ensemble des comportements acquis et de leurs productions constitutif de la civilisation.

 

Problème :

Quelle est la part de ce qui revient en l'homme à la nature ( de l'inné ) et à la culture (des acquis) ?

 

I. L'éloignement de la nature

 

A. Le regard traditionnel de l'homme sur la nature

Le regard traditionnel de l'homme sur la nature est un regard caractérisé par un étonnement émerveillé : la nature est perçue comme étant une réalité dynamique - "principe et cause de mouvement. " (Aristote) - qu'il convient d'accueillir telle qu'elle s'offre à nous.

La nature est source de vie

Cf. étymologie grecque [phusis < phuein (croître) < phoos, lumière, qui fait voir, révèle et, par sa chaleur, fait croître].

Cf. étymologie latine [natura<natus<nascor = donner naissance].

Il s'agit dès lors de s'y ressourcer :

Cf. mot d'ordre (moral) tant des stoïciens que des Epicuriens: "Vivre conformément à la nature ".

Cf. image fréquente, cf. Montaigne : natura = mère, source de vie et guide (éducatrice) à la fois.

 

N.B. L'idée selon laquelle l'homme échapperait à cet ordre, naturel, des choses et jouirait ainsi d'une capacité de décision propre (donc de liberté) est étrangère à la pensée grecque!

 

B. Le regard "moderne"

Nouvelle relation de l'homme au monde à l'âge classique :
Cf. "À un monde conçu comme une sorte d'habitation où l'être humain trouvait sa place, se substituait un univers géométrique, livré à l'investigation d'une pensée méthodique " (Le Temps des Philosophes, Hatier p. 202)

Le regard de l'homme moderne est un regard intéressé, qui voit dans la nature une simple réserve de matériaux à exploiter ou de forces à maîtriser. La nature est devenue pour l'homme moderne ce dont il faut "se rendre comme maître et possesseur" (Descartes, Discours de la méthode)

Relation impliquée sur le plan théorique, celui de la connaissance, qui est au service de la main mise pratique sur l'ordre des choses (celle, technicienne, des sciences appliquées ) : il ne s'agit pas tant de s'assurer de ce qui est (prudence, nos sens nous trompent - cf. Descartes, Méditation  1 ) que de saisir les relations constantes, quantitatives donc mathématiques entre les phénomènes afin de mieux les diriger:" On commande à la nature en lui obéissant." (Bacon)

La certitude devient instrument d'une volonté de puissance.

 

II. La négation de la nature

L'évolution qui vient être observée dans le regard posé par l'homme d'Occident sur la nature est l'achèvement du grand refus de la nature qui définit l'apparition de l'humanité.

 

A. L'interdit, passage de la nature à la culture

L'homme devient homme lorsqu'il commence à opposer des interdits (notamment celui de l'inceste) à ce qu'il devine être en lui l'animalité originelle.

Apparition de la règle, loi culturelle

Le passage du règne de la violence à celui de la loi se fait par le moyen socioculturel de l'interdit. Cf. cours sur la violence

Cf. Lévi-Strauss , Structure élémentaires de la parenté.

Claude Lévi-Strauss met en évidence l'existence d'un interdit fondateur de la culture, l'interdit de l'inceste.

Cf. Kant , Traité de pédagogie

Kant voit dans la discipline le moyen d'instaurer l'humain : "La discipline transforme l'animalité en humanité "

 

B. La plasticité du comportement humain

Le corps humain n'est jamais laissé à l'état naturel.
Cf. Symbolisme de la nudité et du vêtement dans la Bible, en Genèse 2, 7

Cf. Nudité de Robinson

Dans Vendredi, de M. Tournier, elle marque son retour à l'animalité.

Que montre la diversité des façons qu'a l'homme de satisfaire ses besoins biologiques ?

Elle révèle une malléabilité (plasticité, adaptabilité) de l'être humain.

L'existentialisme et la nature humaine

L'existentialisme est l'affirmation radicale, ontologique, de l'indétermination originaire de l'être humain.

Cf. Sartre, qui va jusqu'à nier que l'homme puisse se définir par référence à quelque nature initiale que ce soit : pour lui, "l'existence précède l'essence".

En l'homme, rien se serait inné, tout serait acquis!

=> Homme = "enfant trouvé métaphysique" (Ruyer)

 

Pour une critique, cf. partie du cours sur POTENTIALITES

 

C. De l'inné à l'acquis

Les psychosociologues font émerger l'homme du berceau social.
L'individu constituerait sa "personnalité de base" sur la base des influences qu'exercent sur lui les groupes dans lesquels ils grandit. A la différence des autres animaux, l'homme n'a pas d'instinct, ne dispose pas de savoir-faire inné, càd de réactions automatiques et préformées. Ce qui explique l'adaptabilité de son comportement. Ainsi, parler d'instinct sexuel relève de l'abus de langage ; mieux vaut effectivement parler, à la suite des psychanalystes, de pulsion. (Cf. travaux de M. Mead)

 

Somme toute, l'homme se reçoit moins de la nature que de la culture : si héritier il est, c'est de la société plus que de la nature. Ce qui revient à dire que l'être humain est initialement indéterminé.

 

III. Potentialités humaines

Le comportement originaire de l'homme est grandement indéterminé. Doit-on pour autant rejeter l'idée d'une nature humaine ?

 

A. Il existe un fond biologique incompressible.

Existe-t-il des besoins naturels ?
Quelques variables que puissent être les façons qu'ont les hommes de se nourrir, reste que leur corps, quelle que soit l'époque et la latitude sous laquelle ils vivent, réclame de la nourriture!

Cela suffit-il à prouver l'existence d'une nature HUMAINE ?

Non , car ces besoins sont ceux d'un animal. C'est sa façon de les satisfaire qui est ou non humaine !

 

B. L'homme est seul capable de certaines performances

Ce qui prouve l'existence d'une nature humaine, c'est que l'homme est capable de performances qu'il est seul à être en mesure de réaliser, que l'on désigne par le terme de potentialités.

Ce dont l'homme est capable :

- de performances intellectuelles observées par les psychologues, fondées sur l'aptitude à former des pensées inactuelles. Cf. cours sur le langage

- de performances affectives, observées par les anthropologue. Cf. exigence de règles, exigence de réciprocité et pratique du don et de l'échange.

Que faut-il pour que les capacités de l'homme se réalisent?

Elles ont besoin d'un entourage social pour s'affirmer. Cf. Les enfants sauvages, Malson

On peut dire, à la suite de Bergson, que le comportement de l'homme qui est caractérisé par l'intelligence, inventive, s'oppose au comportement naturel, instinctif, incapable d'invention.

 

Conclusion

L'indétermination première du comportement de l'homme explique la diversité des cultures humaines, qui sont autant de solutions adaptées aux problèmes particuliers que pose l'environnement à un groupe déterminé et adoptées progressivement, s'imposant de générations en générations et privilégiant certaines valeurs.

Si cette façon de voir ne résout pas le problème du passage de la nature à la culture il permet du moins d'invalider l'éthnocentrisme. Comment ? En montrant qu'il ne saurait exister de point de vue neutre, absolu, qui permettrait d'établir une hiérarchie entre les cultures humaines.

De plus, nous devons reconnaître que nous sommes dans l'incapacité de faire la part en l'homme de ce qui est de l'ordre de la nature et de l'ordre de la culture. Cf. Merleau-Ponty :" Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire..."

 


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