La société

 

 

  Introduction

  I. Nature

A. Différente de la communauté

B. caractérisée par des règles et des contraintes

  II. Fonction

A. Une nécessité pour l'espèce humaine

B. Une contrainte pour l'individu

C. Un milieu de vie pour lui

  Conclusion

 
 

Introduction

 

Le société est le milieu de vie de l'être humain. A quel titre et que lui apporte-t-elle ?

 

I. Nature

 

A. spécifique,

  différente de la communauté

 

Ensemble d'individu organisé par des institutions et réglé par des moeurs, la société ne saurait être confondue avec la communauté. Cf. Tönnies, Communauté et société

Dès sa naissance, tout homme se trouve d'emblée inscrit dans une communauté qui s'impose à lui et dont il partage les habitudes, la langue, la religion. C'est d'abord la famille, mais c'est aussi la communauté plus large d'un pays ou d'une nation. Parce qu'elle s'enracine dans une histoire commune, et qu'elle repose sur un patrimoine commun, la communauté engendre entre ses membres un sentiment naturel et presque animal de solidarité. L'intérêt de chacun et l'intérêt de tous semblent alors être confondus. Leur rapport en tout cas est immédiatement senti.

Dans une société, au contraire, le lien plus économique que sentimental qui unit les individus est aussi plus abstrait. Les rapports qui s'y établissent, fondés sur l'échange, supposent une différenciation des fonctions et une division du travail. Cf. cours sur les échanges Les sphères d'activité ne sont plus les mêmes; les intérêts des uns et des autres peuvent être différents, voire opposés. Plus complexes, les relations économiques et sociales rendent donc plus problématique l'idée de solidarité ou d'intérêt général. Le champ social apparaît divisé et le conflit des intérêts menace l'ordre social.

 

B. Caractérisée par des règles et contraintes

 

Aussi nécessaire que soit la société, son organisation ne va pas de soi.

Elle suppose d'abord des règles qui en assurent le fonctionnement et s'imposent aux individus.

Lorsque l'existence sociale reste encore ancrée dans la communauté, comme c'est le cas pour les sociétés primitives, ces règles émanent de la collectivité elle-même et c'est la communauté tout entière qui veille à ce qu'elles soient respectées. Le pouvoir politique - pouvoir des règles et pouvoir de contrainte - n'est pas séparé de la société : les sociétés primitives sont des sociétés sans État.

L'État n'apparaît en effet qu'avec l'émergence d'un organe du pouvoir politique séparé de la société, distinct du corps social. Cf. cours sur l'Etat. Situé au-dessus des individus ou des groupes, il prétend arbitrer leurs différends ou régler les conditions de leurs accords. Pour être efficace, un tel pouvoir nécessite bien sûr l'usage de la force. C'est pourquoi on a pu définir l'État comme le " monopole de la violence physique légitime". L'État se présente en tout cas comme l'instrument nécessaire de l'ordre social, au service de l'intérêt de tous, c'est à-dire de la société dans son ensemble.

 

 

II. Fonction et valeur

 

A. Une nécessité pour l'espèce humaine

 

La société est la première condition du développement de l'humanité : l'homme, considéré comme espèce, est par nature un être social.
Cf. Aristote, Politique, 1, 2

Les premiers besoins de l'homme ne peuvent être satisfaits sans le secours de ses semblables. Coopération et division du travail sont les formes nécessaires de l'activité par laquelle il s'adapte au milieu naturel et le transforme.

Cf. Platon, République, 369c

Enfin, c'est dans sa relation à autrui et par le langage que l'homme peut se rapporter à un monde humain, hors duquel l'existence ne saurait avoir pour lui de signification véritable.

Cf. Hélène Keller, cours sur le langage

N.B. Le roman d'un Robinson naufragé sur son île atteste justement qu'au coeur même de la solitude il n'y a pas pour l'homme de rapport possible au monde ou à la nature qui ne soit de part en part médiatisé par la société.

 

B. Une contrainte pour l'individu

 

Pourtant cette coexistence originaire ne va pas de soi.

Aussi évident et nécessaire que soit le lien qui unit l'homme à ses semblables, la résistance que chacun oppose secrètement aux contraintes collectives (ou tout simplement le désir de solitude) témoigne du fait que l'individu réclame pour lui-même le droit d'exister et qu'il soit tenu compte de ses penchants ou intérêts propres.

Une telle exigence pose la question de sa légitimité.

Le problème est alors de savoir si l'individu, parce qu'il ne peut exister en dehors de la société, ne doit vivre aussi que par elle ou pour elle, ou si au contraire la société n'est que la condition nécessaire à l'existence de l'humanité, mais ne suffit pas cependant à en fonder toute la valeur ou dignité.

Une telle question rend d'abord nécessaire l'élucidation du rapport de l'individu à la société.

 

 

C. Mais aussi un milieu de vie pour lui

 

On peut déjà faire remarquer qu'en dehors de la société, l'individu n'est qu'une abstraction

Cf. Marx qui reprend en 1857 l'expression d'Aristote: "l'homme est un animal politique"" (Introduction générale à la critique de l'économie politique )

Héritier des générations qui le précèdent, tout homme reçoit de la société les conditions de son épanouissement. Il semblerait alors légitime que l'homme ne puisse prétendre, sans injustice, se désolidariser du corps social. On peut même, avec Auguste Comte, affirmer qu'il n'est que la partie inséparable d'une totalité organique qui le dépasse. La société étant alors, en fait et en droit, première par rapport aux individus, ceux-ci ne sauraient avoir envers elle que des devoirs.

Cf. Auguste Comte, Catéchisme positiviste

Pourtant, une telle conception organiciste de la société trouve ici sa limite: l'idée de devoir comporte celle de contrainte. Elle suppose par conséquent la résistance de l'individu à son insertion dans le monde social. Et s'il est vrai que l'espèce humaine est nécessairement sociale, on peut douter de la sociabilité naturelle des individus qui la composent.

Cf. Hobbes et Freud

Évoquant cette contradiction, Kant parle de "l' insociable sociabilité " des hommes. Mais c'est pour en souligner aussitôt la fécondité. Cette contradiction est, en effet, source de richesse pour l'humanité: c'est la différence et même l'antagonisme des individus qui anime la société et lui assure sa vitalité.

Cf. Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique

Société et individus sont en fait constitutifs l'un de l'autre et il y a cercle à vouloir trouver dans l'un des termes l'origine de l'autre. Car s'il ne peut y avoir de société quand les hommes n'ont pas entre eux quelque intérêt commun, il ne peut pas non plus y avoir société s'il ne subsiste entre eux aucune différence.

Cf. Aristote, La politique

 

 

 Conclusion

La société offre à l'être humain le milieu humain dont il a besoin pour développer ses potentialités, en imposant à sa conduite les normes qui lui permettent de se structurer.

 

 

© M. Pérignon